Pour quelques jours encore, Victor Hugo et Charles Baudelaire ont gracieusement cédé la place à Carl Poirier, Aurélie Carton ou Michel Le Saint. Comment ? Qui ça ? Vous ne les connaissez pas ? Euh… moi non plus.

En réalité, ce que les légendes de la littérature ont cédé, ce ne sont que quelques panneaux d’affichage de la RATP. Dans les stations et dans les rames. Les heureux élus dont le nom ne vous rappelle rien ont remporté en décembre un prix au 5ème concours de poésie de la RATP, organisé avec Télérama, France 3 Île-de-France, France Info et Le Parisien.

Leurs vers portaient sur le thème général du voyage. Plutôt logique. Et agréable. Coincé dans un métro bondé, sans autre horizon que la nuque du voisin et leur mine renfrognée, qu’est-ce qu’on en rêve, d’évasion ! Et en matière de puissance évocatrice, Carl Poirier, Nantais de 31 ans, grand prix du concours, est plutôt doué :

Contre un mur

Il y a

Continuellement

Le bout du Monde

Guettez le prochain concours. Pour l’édition 2005, la compétition était ouverte à toute personne âgée de 15 ans et plus à la date du 1^er juin 2005, sans considération de nationalité ni de lieu de résidence.

En attendant, évadez-vous à la mode RATPienne, ici.

M.S.

Le lifting du Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris a pris fin. Les portes de l’aile est du Palais de Tokyo, dans le 16^ème arrondissement, sont de nouveau ouvertes au public, à partir d’aujourd’hui. Les améliorations apportées concernent les normes de sécurité et, par la même occasion, l’accueil et le confort du public. Le tout financé par la Mairie de Paris à hauteur de 15 millions d’euros.

Le bâtiment fut construit en 1937, dans le cadre de l’exposition internationale sur le thème des « arts et techniques dans la vie moderne ». Mais il n’a pu accueillir le Musée d’Art Moderne pour la première fois qu’en 1961, après des travaux de rénovation, déjà. Selon le Maire de Paris, Bertrand Delanoë, l’esprit du Palais demeure et les rénovations le mettent même plus en valeur. « Sa luminosité naturelle retrouvée nous rappelle que le projet architectural, lauréat du concours de 1934, avait pour titre Clarté».

A l’occasion de cette réouverture, deux artistes français sont à l’honneur. Ils inspirent ces mots à Bertrand Delanoë (ou sans doute les rédacteurs de ses communiqués) qui a inauguré les expositions hier.

« Le choix de Pierre Bonnard ("Nu dans la baignoire", ci-contre) s’est imposé comme une évidence tant l’artiste est un véritable précurseur de la modernité. Au-delà du sujet, ce sont la matière, les volumes et la lumière qui l’inspirent. Il sait faire exploser la couleur sur une toile qu’il traite comme une surface propice à toutes les impressions visuelles. Bonnard défendait la peinture du sentiment contre le sectarisme des théories… un message aujourd’hui toujours porteur de vérité et d’émotion.

Et à Pierre Bonnard répond, pour l’ARC/département contemporain du Musée d’Art Moderne, Pierre Huyghe, qui, lui aussi, propose un dialogue entre mémoire et perception au travers de ses jeux de projection et de lumières. Pierre Huyghe nous invite à faire l’expérience de l’articulation du temps, du différé, de la durée : une découverte jubilatoire ».

Bonne visite si vous aimez l’art moderne…

M.S.

Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris
11, avenue du Président Wilson, 75116 Paris
Renseignements : 01 53 67 40 00
Ouvert tous les jours sauf lundi et jours fériés de 10h à 18h. Mercredi jusqu'à 22h.
Tarifs : 9€ (plein), 6€ (réduit), 4,50€ (jeune) pour Pierre Bonnard ; 4,50€ (plein), 3€ (réduit), 2,20€ (jeune) pour Pierre Huyghe.

Un duo de choc, des énigmes passionnantes, un brin d’humour... On trouve déjà les ingrédients dans les aventures de Sherlock Holmes et du Docteur Watson pour faire une bonne recette sur les planches. Confirmation samedi dernier, au théâtre Silvia Monfort.

Les quatre comédiens de la troupe ne manquent pas d’énergie : en un peu moins de deux heures, ils auront interprété 26 personnages ! Et de l’énergie, il en faut, pour convaincre un public relativement jeune, venu assister à un spectacle… mais aussi à un cours de langue nouvelle génération. Car la langue de Shakespeare sert cette pièce aux intrigues mêlées et savamment organisées pour peindre un portrait de Sherlock Holmes, à travers les souvenirs de son fidèle compagnon Watson.

Difficile à suivre ? Pas du tout ! Même si le vocabulaire respecte la richesse d’Arthur Conan Doyle, l’auteur original des aventures, la très bonne diction des interprètes anglophones et la mise en scène très claire rendent le sens des dialogues et des situations parfaitement limpide. Ajoutez à cela des incursions des comédiens dans le public, ce que la petite salle du théâtre Silvia Monfort permet, et le public est déjà conquis, barrière de la langue ou non. Une victoire pour l’association « théâtre en anglais » dont la démarche pédagogique se lit jusque sur leur site web.

Certaines audaces modernes ne plairont pas à certains, comme les téléphones portables, ou un duel d’arts martiaux en ombres chinoises plus cocasse que dramatique. Malgré ces détails légèrement anachroniques dans le Londres des années 1880, on s’offusque moins qu’on ne rit. Pardonnez donc à ce vieux Watson si sa mémoire subit quelques bugs de temps à autres.

M.S.

Note : Sherlock, c'est presque fini, sauf une représentation le 10 février à Clermont Ferrand... Par contre, vous pouvez retrouver la troupe dans "King Lear" en tournée dans toute la France, et de passage au théâtre Silvia Monfort cette semaine. Plus d'infos ici.