On oublie presque que Jean-Marie Bigard occupait la scène seul, avant d’incarner le Bourgeois Gentilhomme de Molière. La troupe l’a manifestement accueilli à bras ouvert, autant que la musique de Lully s’est pliée à quelques modifications orientales et hip-hop.
« Les costumes sont étonnants tout de même». « Les airs et les ballets ne sont pas trop dénaturés ». Au moment de l’entracte, quand Madame Jourdain surprend son bourgeois de mari, la tête dans les jupons d’une Comtesse cocaïnomane, le public commente la pièce... Et s’il est question de Jean-Marie Bigard, c’est pour s’étonner de la facilité avec laquelle on l’identifie à son personnage. Le ridicule ne tue pas, et c’est tant mieux, car Bigard en rajoute des tonnes mais on lui pardonne car, qui sait exactement comment la pièce a été voulue ?
Une table de ping-pong, un rail de coke, un tour en rollers, un costume de « Men in Black », les baskets rouges des ouvreurs, un journal « L’Equipe », trois gothiques, deux téléphones portables, un caddie et une caméra numérique... En voilà un peu trop, peut-être ? Certes, mais à l’image de la scène entre les deux jeunes couples, « je t’aime, je te titille, je te fuis, je reviens, je ne veux plus, et toi ? », d’une actualité rafraîchissante, la transposition moderne fonctionne.
J’y allais à reculons, à cette version. Moi qui avais adoré la pièce jouée dans une sorte de reconstitution dans la cour du château de Blois, il y a 2 ou 3 ans, je me demandais ce qu’un comique comme Bigard pourrait bien faire dans cette pièce. Costumes d’époque, instruments de musique d’époque, danses d’époque, phrasé théâtral éloigné de la langue de tous les jours… Voilà ce qu’on trouvait dans cette version blésoise.
Et bien honnêtement, je crois m’être plus amusée à la représentation d’hier que lors de cette reconstitution quelque peu figée. Très intéressante sur le plan culturel, mais bien moins drôle ! Avec une transposition actuelle respectueuse du texte et, surtout, de l’esprit et du message de la pièce, cela coule si naturellement. Je ne doute pas qu’elle fasse son effet lors de la diffusion dans les classes, pour sensibiliser les jeunes au théâtre.
M.S.
Le Bourgeois Gentilhomme
Au Théâtre de Paris,
15, rue Blanche, 75009 Paris
Métro Trinité
Jusqu’au 24 juin 2006
Tarifs : de 12,40 € à 53,70 €