Il s’agit pour lui de "détourner un lieu très fréquenté, sous-estimé visuellement et pourtant riche en tant que décor, et d'y ajouter une touche de fantaisie, un peu de piquant. Certaines mises en scène sont des petits clins d'œil", raconte-t-il, comme celle où l’on rencontre une danseuse à la barre dans la rame ou une autre jeune femme prenant sans douche, comme à la maison. Pas de photomontage, sauf pour une série, selon lui.
Couloirs, escaliers, rames, rails… De septembre 2007 à janvier 2008, Jam Abelanet parcourt le réseau et réalise ses shoots "tard le soir ou tôt le matin", en dehors des heures de pointes. Ou "parfois en pleine nuit. Une fois la station fermée, il y a très peu de témoins", y compris les caméras de surveillance dont photographe et modèles tentent au maximum de se cacher. De quoi créer une atmosphère propice à ses fantaisies métropolitaines…
Alors qu’en dit la RATP? En réalité, la Régie n’a réagi au travail du photographe que lorsque celui-ci a contacté son service juridique. Non pour savoir ce qu’il risquait en prenant les photos, puisqu’elles étaient déjà réalisées… mais ce qu’il risquait en cas de publication. Elle ne lui a donc demandé que quelques ajustements (enlever des mentions publicitaires, des logos RATP, des cartes détournées…) et retraits, "comme la photo où l’on voit une femme sur la voie avec un métro qui passe à côté, jugée trop dangereuse".
Pendant les prises, le photographe n’a été interrompu qu’une fois, affirme-t-il dans Métro (justement!) "On ne s’est fait prendre qu’une fois par les services de sécurité de la RATP, à la station Cité". L’équipe a écopé "d’une amende de 25 euros pour franchissement de barrière de sécurité, mais c’est tout". "On se cachait du public et des caméras, c’est assez logique que l’on n’ait pas été épinglés plus souvent", explique Jam Abelanet… Du coup, la RATP a ouvert une enquête pour savoir comme il a pu passer entre les mailles du filet si facilement!
L’embarras se comprend. Mais après tout, ces photos renouvellent la perception que nous avons, nous Parisiens toujours pressés, mal lunés ou somnolant, du sempiternel "Métro Boulot Dodo". Une campagne de pub un brin décalée… et qui aura même rapporté 25 euros (d’amende) à la RATP!
M.S.