"Mais qu’est-ce que tu vas faire sous Paris?" Oui, quand j’ai évoqué avec des amis la possibilité de visiter des carrières souterraines, en l’occurrence sous l’hôpital Cochin dans le 14e arrondissement, l’idée les a étonnés. Sans doute parce qu’il semble curieux de vouloir replonger dans les entrailles de la capitale quand on y passe déjà des heures, dans les couloirs ou les rames du métro!
Et pourtant, pour qui s’intéresse à Paris et à ses petits secrets, les souterrains représentent une mine d’informations formidable. Grâce aux indications de Gilles Thomas, co-auteur de l’Atlas du Paris souterrain, tout s’éclaire sur les 1200 mètres de parcours entretenus avec amour par les bénévoles de la SEADACC.
Vous voilà transportés au XIIe siècle, lorsque les Capucins ont prélevé ici le calcaire nécessaire pour édifier une chapelle, ce qui vaut d’ailleurs leur nom aux carrières des Capucins. CQFD. Ou à la fin du XVIIIe, lorsque les travaux de consolidation ont été entamés par l’Inspection des Carrières, afin de permettre à la capitale de se développer, 20 mètres plus haut. D’où les inscriptions bizarres mêlant chiffres (année de consolidation, numéro du pilier sur le parcours) et lettres (initiales du chef de l’Inspection, G pour Guillaumot par exemple).
On découvre aussi tous les secrets de la numérotation des entrées dans les rues parisiennes à travers les époques: une révélation qui fera l’objet d’un prochain post, forcément! Comment cette fleur de lys n’a pas été détruite par les révolutionnaires, parce qu’elle était masquée par de l’eau boueuse ou parce que la pierre qui la porte a été retournée et gravée de l’autre côté (voir les photos ci-dessus)… Ou encore à quoi le site a servi selon les époques: abri de défense passive pendant la Seconde guerre mondiale, champignonnières, ou dédale où des étudiants de Bicêtre ont laissé quelques graffitis!
Merci à Gilles Thomas pour sa patience (et il en faut avec moi…) et ses connaissances parisiennes. Pour plus d’informations, le site de la SEADACC est très complet.
M.S. qui n'est même pas claustro!